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29 mars 2012

"Où va l'école ?", un nouveau dossier de réflexion sur les liens : société et éducation,par François DUBET


Frituremag et La machine à lire de débats invite le mercredi 11 avril prochain, François Dubet, sociologue de l'éducation, à l’occasion de la parution du dossier "Où va l’école ?" de la revue FritureMag à laquelle R&T est abonnée.

Synthèse
Selon François DUBET, le système éducatif français est, à l'image de la société, en crise. Les attentes des citoyens vis-à-vis d'une école ouverte, mixte, égalitaire, telle qu'elle a été voulue par Jules FERRY, semblent bien peu satisfaites.
Le constat est triste et ne relève pas d'une simple perception : le système scolaire français produit de l'exclusion, certains collèges constituent de vrais lieux de relégation. Pourtant, la France se place au côté de l'Allemagne, juste après les pays scandinaves, comme l’un  des pays le moins inégalitaire. Quelles en sont les causes  ? Les solutions envisageables ?
Sans doute, l'augmentation massive des effectifs et le cursus scolaire pensé comme lieu de sélection y participe, d'autant que la poursuite d'études et les diplômes ne garantissent plus aujourd'hui un emploi ou une réussite sociale.
L'école même produit plus d'inégalité scolaire qu'il n'y a d'inégalité sociale...Notre système prône une égalité des chances, alors qu'il devrait offrir une égalité des places...Il faut donc changer la philosophie de l'enseignement qui repose sur la méritocratie républicaine et l'égalité des chances.

Extrait par François DUBET
«  Nous nous inventons une légende. L’école de la République n’a jamais fait de la mixité sociale un but à atteindre. Elle fonctionnait sur des clivages sociaux brutaux. (...)
 L’ascenseur social existait mais très peu de personnes avaient l’occasion de le prendre. L’origine de cette légende, et la déception qu’elle engendre, vient d’une période exceptionnelle : entre 1950 et 1970, le système scolaire a connu une réelle ouverture engendrant la première massification ; parallèlement, l’économie a généré de nombreux emplois qualifiés. Que l’on ait ou non suivi des études brillantes, chacun trouvait sa place. Il n’y avait pas d’exclu. Cette période tout à fait atypique dans l’histoire de la société française est perçue aujourd’hui comme normale alors qu’elle fut une exception. » (François Dubet)





  • ZOOm sur quelques ouvrages récents- A quoi sert vraiment un sociologue ?, Paris, Armand Colin, 2011
    - Les sociétés et leur école. Emprise du diplôme et cohésion sociale, avec M. Duru-Bellat et A. - Vérétout, Paris, Seuil, 2010
    - Les places et les chances. Repenser la justice sociale, Paris, Seuil/La république des idées, février 2010
    - L’école des chances, Seuil, La République des idées, 96 pages, 2004.

         --> voir en rapport avec ce dernier ouvrage, l'entretien sur le site des cahiers pédagogiques : « Donner autant à ceux qui ont moins », de 2005.  Extrait de l'entretien mené par Philippe Watrelot et Jean-Michel Zakhartchouk.

"Dans votre récent livre L’école des chances, vous développez l’idée de l’équité comme moyen indispensable pour parvenir à l’égalité effective. Pouvez-vous préciser ce point ?
- L’égalité des chances construit une compétition unique et neutre, suffisamment protégée des inégalités sociales pour que la réussite ne tienne qu’au mérite et aux compétences des individus placés dans les mêmes conditions de formation. La notion d’équité, elle, part de l’idée que, en réalité, l’offre scolaire n’est pas homogène et que les élèves socialement différents ne sont pas dans des situations identiques. Pour tendre vers cet idéal d’égalité des chances, il faut dès lors pratiquer l’équité, répartir les moyens pour favoriser les défavorisés. Alors que l’école française fonctionnait selon un modèle théorique d’égalité des chances, nous découvrons que, dans une société inégalitaire, non seulement l’école reproduit les inégalités, mais aussi qu’elle en « rajoute une couche » car elle ne parvient pas à proposer la même offre scolaire à tous." (...)


Mercredi 11 avril 2012, 18h30
Bordeaux, 18h30 à la librairie, 8, place du Parlement.
Débat animé par Christian Bonrepaux - Journaliste à Friture Mag, ancien journaliste au Monde de l’éducation